Vidéos
150 ans après, la Commune au présent | Ludivine Bantigny, Julien Théry
Il y a exactement 150 ans, au printemps 1871, la Commune de Paris se soulevait et vivait une brève mais extraordinaire expérience d’autonomie politique, avant d’être écrasée par les troupes du gouvernement versaillais. Pour faire l’histoire de ces 72 jours de révolution en montrant à quel point leur écho retentit encore aujourd’hui, Ludivine Bantigny a choisi une démarche insolite et particulièrement féconde. Son livre, « La Commune au présent », est « une correspondance par-delà le temps » : il s’agit d’une série de plus d’une soixantaine de lettres qu’elle adresse à des « communeuses » et des « communeux », comme ils se désignaient eux-mêmes (l’appellation « communards » étant à l’époque d’abord dépréciative). Ce que Ludivine Bantigny a trouvé au fil de ses travaux d’archives sur les parcours des femmes et des hommes auxquel.les elle s’adresse, dont beaucoup ont été massacrés lors de la « Semaine sanglante », exécuté plus tard ou envoyés au bagne, elle l’évoque dans ces lettres tout en les prenant à témoin des luttes d’aujourd’hui et de ce qu’elles doivent à l’expérience de la Commune. Avec cette dernière, et pour la première fois, accédaient au pouvoir des gens du peuple, des gens de rien, que les élites dirigeantes du XIXe siècle, Jules Ferry en tête, excluaient de toute capacité au gouvernement.
Qui êtes-vous Ludivine Bantigny ?
Ludivine Bantigny est née en 1975 dans la banlieue lilloise. Fille de postiers, elle fut élevée en partie par son grand-père qui lui donna le goût de l’Histoire. Sa disparition alors qu'elle avait huit ans influa sur sa vocation d’historienne et son désir de « sauver les morts ». Après une scolarité sans embûches particulières, elle se retrouve à Paris pour suivre une classe préparatoire au Lycée Henry IV. Ce fut pour elle un choc social et culturel. Devenue normalienne, elle n’oubliera pas ses origines ; les questions sociales et politiques sont au cœur de ses préoccupations dans son livre sur « 1968 » et celui sur les « Champs ». En attendant celui sur la Commune de Paris !
Utopiales 2021 - Rencontre avec Ludivine Bantigny Ludivine Bantigny est historienne et enseignante-chercheuse. Elle travaille sur les engagements, l’histoire des mouvements sociaux, des insurrections et des révolutions. Elle a notamment analysé trois grands moments de l’histoire contemporaine : la Commune de Paris, la guerre d’Algérie et Mai 1968. Du décolonialisme au féminisme, rencontre avec celle qui scrute nos révolutions…
« La Commune n'est pas morte » ? Conférence-débat dématérialisée avec Ludivine BANTIGNY maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Rouen
`
Dignité, justice sociale, partage du travail, égalité, rapport renouvelé à l’art, à l’éducation, au quotidien… C’est tout cela, la Commune de Paris, une expérience révolutionnaire à bien des égards inouïe : pour la première fois, des ouvriers, des ouvrières, des artisans, des employés, des instituteurs et institutrices, des écrivains et des artistes s’emparent du pouvoir. Comme l’écrit Rimbaud qu’elle enthousiasme tant, la Commune entend vraiment « changer la vie » par des « inventions d’inconnu ». Ses protagonistes sont des femmes et des hommes ordinaires qui créent de l’extraordinaire, non seulement en l’imaginant mais en le mettant en pratique. Les questions qui sont alors soulevées restent d’une cruciale actualité : quelles sont les conditions de possibilité d’une telle révolution ? Quelles sont les divergences stratégiques qui se sont posées (sur la forme de pouvoir, sur l’économie, sur la liberté de la presse, sur les droits des femmes…) ? Quelle postérité revêt la Commune aujourd’hui et faut-il la « commémorer » ? Il ne s’agira pas de « lisser » cette histoire en en gommant les aspérités mais de s’en saisir jusque dans les conflits qui s’y sont présentés. L’événement reste de par le monde une source d’inspiration, car il propose de réfléchir à l’émancipation, aux solidarités et aux communs. Il nous concerne toutes et tous – et demeure évocateur par les espoirs et les projets qu’il porte. Tant il est vrai que « la Commune n’est pas morte ».
Claude Rétat, directrice de recherche au CNRS propose cette conférence autour de Louise Michel. Outre ses travaux sur le romantisme (Hugo, Michelet) et sur l’histoire des idées, Claude Rétat se consacre à l’œuvre de Louise Michel, dont elle a retrouvé de nombreux textes disparus. Elle a publié récemment un essai, Art vaincra ! Louise Michel, l’artiste en révolution et le dégoût du politique et un recueil, La Révolution en contant, Histoires, contes et légendes de Louise Michel (Bleu autour, 2019).
Claude Rétat fait émerger, par ses récents travaux de recherche, d’édition et de critique, les œuvres de Louise Michel (dont beaucoup inédites), leur contexte littéraire et fait apparaître Louise Michel, l'artiste.
La conférence du 20 mai 2021 a été organisé à la suite du séminaire thématique en action sociale consacré à la pensée des féministes libertaires enseigné par Julie Chateauvert.
Louise Michel , la rebelle , film de Solveig Anspach
Louise Michel est une femme, une révoltée, une communarde. Tout le monde connaît son nom : nul ne sait rien d'elle. Condamnée pour avoir porté les armes contre les troupes de Bismarck puis celles de Versailles, après son incarcération dans la forteresse de Rochefort, Louise est déportée avec des milliers d'autres révolutionnaires sur la lointaine... Nouvelle-Calédonie, alors qu'à Paris, infatigable mais isolé, le jeune parlementaire Georges Clemenceau se bat pour arracher l'amnistie des Communards.
Institutrice, proche de Victor Hugo, Louise va se révéler en déportation, une incroyable animatrice, une résistante exemplaire. Tous les hommes l'admirent. Non seulement elle raffermit le courage de ses camarades de détention, mais encore elle se lie aux habitants de l'île, les Kanaks. Elle leur enseigne le Français, découvre leurs coutumes, leur identité et se solidarise activement avec eux lorsqu'ils se révoltent contre l'ordre colonial...