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8e création musicale ! "Avant l'aube"




"Avant l'aube" - poème de Louise Michel






 L’obscurité s’étend profonde

À l'horizon où rien ne luit,

La tempête s’amasse et gronde

Sur le gouffre d'ombre et de nuit ;

L'épouvante dans l'air frissonne,

Et pour un immense cyclone

L'Océan se lève et mugit. 


Océan  à l’onde sanglante,

Ou déferle des flots humains ;

Où se mêle, dans la tourmente,

L’appel sinistre des tocsins;

Il faut que le cycle s'achève,

Que notre temps se mêle au rêve,

Ainsi le veulent les destins.


On dirait, dans le sombre espace,

Sentir comme des frôlements ;

C'est quelque Ravachol qui passe,

Parmi les épouvantements,

Allant vers une Å“uvre terrible,

Où le magnifique et l'horrible

Unissent leurs embrassements.


Ainsi seuls contre tout un monde,

Quelques-uns pour la liberté,

On fait une entaille profonde

Au flanc de quelque iniquité ; 

Et dans les blessures vermeilles,

Ainsi que le font les abeilles,

En mourant leur dard est resté.


Voici venir les grandes foules,

Et dans cette nuit, compagnons,

Comme on fauche toujours les foules,

Seul à seul ainsi nous irons :

Chacun trouvera bien son heure,

Ne faut-il pas toujours qu'on meure !

Oh ! C'est debout que nous mourrons !

 

II


À travers la nuit d'épouvante

Percent les premières blancheurs ;

L'aube se lève éblouissante

Devant les pâles éclaireurs,

Dans la tourmente qui s'apaise

La foule sur la terre à l'aise

Comprend l'Å“uvre des destructeurs.


La tempête a fermé ses ailes.

Ainsi qu’au matin d'un beau jour,

Tout revêt des formes nouvelles,

Les maux n’auront plus de retour,

Mais pour briser la lourde chaîne

Oh ! Combien il faudra de haine

Toute faite d'immense amour 



Londres, 11 aout 1893. 


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